Loneliness

Loneliness

dimanche 24 février 2008

Mille neuf cent soixante douze...

Création Numérique Muttifree


1972 … C’est décidé, je me dois de m’asseoir… me voilà donc, assise…

Dès lors, tout, dans la perception du monde en lequel l’on se pense vivre apparaît comme notre propre création, expérience sensitive bien différente de ce que ce qui se dit, de ce que l’on a entendu, ici ou là, avant de s’asseoir en soi, avant de se concerter au centre de l’apparence et au-delà …
Dans le ressenti confortable d’une assise qui unifie chaque parcelle d’un corps immense et lourd, la perception fausse de l’unité corporelle, de cet objet perçu comme réalité, se dessine autrement, se vaporise et se démontre toute entière contenue dans le temps et ses mouvances, non plus traquée par l’éphémère, la disparition, la dissolution… mais aérienne, volatile et libre de se mettre en image et en forme, à la mesure et à la hauteur d’une essentielle imagination créatrice.
La fluidité et l’élasticité des ondes lumineuses qui offrent l’illusion de la solidité manifestent magistralement l’Art subtil de l’Ether.
La pensée suffit pour ordonner le mouvement et l’aspect de l’onde….
Et n’existe plus aucun possible arrêt sur image, le mouvement, l’ondoiement se perpétue incessamment au fil de l’idée d’un regard qui rythme un temps zéro sur le fil laser duquel s’ordonne le tout possible.
Les ondes miroitantes se déploient d’un centre source à l’autre sans jamais discontinuer, c’est un voyage qui ne comporte aucune escale, un pèlerinage de formes mouvantes qui se déroule à l’infini dans l’infini…
L’espace est la matrice d’un regard en lequel, seules, les ondes lumineuses s’enlacent et se caressent et forment, selon l’intensité de leur baiser, volutes, sphères, tétraèdres et pyramides ondulantes qui, à peine dessinées se déploient, se rencontrent et s’aiment, érigeant une multitudes de formes nouvelles tout autant attractives, floralies de rythmes nouveaux, symphonies de couleurs, d’odeurs et de sons pleins de saveur, qui renouvèlent frôlement et caresses, générant la naissance et l’animation de kyrielles d’ondes rayonnantes, irradiantes, créatrices en elles-mêmes d’organes numériques et subtils qui bientôt dans l’immensité d’un chatoiement réflexif feront entendre les adagios magnétiques des champs énergétiques vibrant de vie, et une infinité inconcevable de sérénades chimiques et biologiques…
Et dans la fourmilière de toutes les combinaisons du langage inconnu, de l’éther, des liquides, des gaz, se traduit peu à peu la solidité apparente d’un monde…..

mardi 19 février 2008

I am Space...

Création numérique Muttifree

Face à l’insondable silence du mystère, face à la beauté impalpable, insaisissable de la Vie je ne puis que contempler la puissance de l’ignorance en laquelle je me maintiens.
Et je me dis alors, incessamment, mollement, vivement, allègrement, au rythme des humeurs passantes et passagères qu’il n’est point utile de dire, ni d’écrire, ni surtout de penser…
Cependant dans l’énergie dépensée à vouloir se faire autrement que ce que la nature a conservé de germes à éclore pour faire de ce corps, de cette tête et de cette âme, ce qu’elle doit être à des fins inconnues, l’idée de s’exercer à la méditation, à la contemplation, hors le fait que cette nature qui me fut offerte y agrée aisément, et me glisse imparablement dans un laisser être serein en lequel le non-faire est roi… dans l’énergie dépensée souvent, disais-je à vouloir se faire autrement, je découvre bel et bien un zeste de vanité… un accent volitif étrange qui ne me paraît pas appartenir à ce qui est en vérité au cœur du réel inconnaissable.

Vouloir « Etre » se reflète étrangement en fond d’œil avec un vouloir n’être pas ce qui est, ce qui a été dessiné, organisé à dessein…

Quel que fût, quel que soit, quel que sera… le « JE » prompt à exprimer le Chemin, le Sentier, ce sera éternellement, si le regard se fait sérieusement et profondément discernant, un « Je », pensant qu’il se doit d’être, autrement que ce qui est, pour être (son propre soi le pensant et le disant) cet ETRE que l’imagination ou l’intuition dessine en un sidéral et sidérant espace énergétique élastique et mouvant à jamais insaisissable.

Que saisir, que comprendre, de cette réflexion, de ce reflet réfléchissant, de cet être pensant l’infini et l’éternité d’un espace intersidéral incompréhensible….

L’Etre… a été, est et sera, comme un enfant innocent ignorant tout de l’essence des éléments qui le composent et qu’il expérimente et peut-être initie dans le sein intemporel d’une substance inconnue qui forge la Conscience.
L’Etre ne connaît, rien… ni des formes, ni des sons, ni des odeurs, ni du goût…
Rien des sentiments, rien de la vertu, de la non-vertu, rien de la qualité ni de la couleur, rien du bien ou du mal…
L’Etre Vit… sans Savoir…
l’Etre baigne dans l’inconnaissance et demeure quiet dans la plénitude de ténèbres éthériques profondes et grandioses et puis soudain...

Big Bang !

Fiat Lux,

Le Mot…

Résonne puis Raisonne…

Je Suis, et Je pense,

Contemplent…

Ce Qui Est Tout en étant pas.

mardi 5 février 2008

Près de la fenêtre...


Près de la fenêtre, face à la rue qui déroule ses kilomètres vers un ailleurs indéfini, mon regard accroche la lumière de la colline environnante. Immobile, soudainement quiète au profond et au-delà des sens habituels … réalité, miroir, reflets … que sais-je ? Tout se trouve confondu dans un instant de paix inimaginable ! La colline, immobile, et ce moi, oui moi, moi qui regarde hors de la fenêtre, immobile aussi, contemplant.
Que sais-je d’elle, de la colline, que sais-je de qui, la contemple ?

Que sais-je de moi, de nous, du regard, de la fenêtre, de la rue qui déroule ses kilomètres que quelque autre regard tronçonne et mesure ? Que sais-je, que savons-nous de la colline qui paraît, en deçà de son immobilité, frémir sous l’air du temps que la pensée désigne quelque instant à l’extérieur du regard tranquille. Que veux dire cet instant qui se creuse au fond du regard, qui se gonfle et s’élargit, générant entre elle-et-ce-moi, comme un sourire de reconnaissance, une vallée en laquelle le monde défile, revêtant le site mémorisé de tous les autres paysages possibles … et tandis que les maisons de la vallée se dénudent une à une sous la force habile de la pensée qui les gomme ou les reconstruit à la lueur de la mémoire des mondes, La Nature, alentour, se tient tranquille, toujours elle-même.

Sous le regard, la forêt s’étend, se niche, dessine la colline, se moquant bien de savoir de quelles essences elle se constitue. Il n’y a que ce moi, seulement un regard, rien qu’un regard qui, par saccade se fige et croit s’animer au rythme de ses multiples interrogations : « qui est celui-ci, qui est celui-là ? Qu’est-ce que cela ?
La Nature s’indiffère de ce qu’Elle Est, arbre, ou forêt toute entière, vallée, ou colline, éléphant ou gardénia, homme de chair ou cristal, Elle Vit.
Elle vit, chacune des fractions animatrices de l’intelligence qui la compose, comme une symphonie, toujours inachevée.
Ce ne sont que des éclats de « moi », des personnages, d’ombreux reflets du Soi animés d’un mouvement virtuel, alourdis et embarrassés par le flot de leurs faire, qui étiquettent ce qu’ils croient voir, en terme d’objets, et déclarent formellement toute vision comme une nécessaire possession. Ne souhaitant rien lâcher, de peur de ne plus exister, ils nomment et catégorisent ce dont La Nature s’indiffère en vivant chaque fraction modulable de ce qu’Elle Est, Tout Cela.

Dans le centre du regard qui cohabite avec Elle et en Elle, sinon la distinguerait-il, la colline se dissout, n’offrant plus d’espace pour se différencier dans le voir … il n’existe plus de différence que pour le savoir, dans la mémoire de ce qu’elle est là et que corps est là, la contemplant, soudés par l’instant communicatif, particulièrement relationnel.
Silence, immobilité, immuabilité, amour.

Le « je », reste là, c’est sûr, enregistrant, mémorisant sans le vouloir ni le savoir, l’instant sublime d’une rencontre immortelle. Mémoire … d’une couleur intensément vivante, verdoyante d’une atmosphère irisée de mille et mille vies se côtoyant sans se heurter, dans un espace qui cependant enregistre et inscrit l’instantané des formes multiples que peuvent prendre les mondes de conscience pré-visionnelle.

Que sais-je, que savons-nous ?

Ce « je » se tient debout, semble-t-il, devant une fenêtre qui parce que trop connue, se redessine soudain derrière l’œil encore agrandi, plein du souvenir des lacs, des océans, des pays et des villes, des couleurs et des sons qui sont venus se faire voir, d’un seul mouvement du regard, au creux d’un espace tranquille entre une colline et un moi, la contemplant.

Et, tout est là, encore … incorruptible … Mémoire ! La forêt qui trace la colline sans aucun arbre décidé à dissimuler l’unité de son dessin. La vallée, sillonnées d’avenues, de rues, d’habitations grouillantes d’un peuple d’agités qui se pressent, se croisent, se bousculent sans se voir. La maison, en laquelle ce « je » se tient, étageant par paliers des êtres qui ne communiquent qu’à l’occasion de quelques bavardages de politesse oblige : « Avez-vous vu le temps qu’il ne fait pas bon voir en ce moment ? ». Et les paroles tristes et vaines derrière les sourires de façade craquelée, mouille et détrempe les ailes de l’amour qui se voile et se tient au secret, au fond des cœurs que personne ne sent vibrer tant trop occupé à ne se préoccuper que de l’organe qui palpite, se desséchant, peu à peu, sous l’effet des fibrillations intermittentes que génèrent toutes les peurs inutiles.

Les fleurs sur le balcon, ne se rient point trop du vent qui les frôle parfois comme un amoureux sournois, prêt à vibrer d’une claque retentissante pour les jeter à terre, écarteler leurs bras graciles, écimer leurs tendres têtes qui vacillent sous les chocs. Identiques, à leurs amies de la colline, patientes, plutôt que soumises, elles s’offrent, prêtes à mourir sous la force innocente de la pluie qui les frappe et les humecte, aussi, d’un nectar qui les fera belles, à voir.